Les dates clés
La société Bourgain & Fils, dont la date de création remonte à 1921, prend véritablement ses racines à la fin du XIX ème siècle.
C’est Joséphine Lejeune, épouse Bourgain(1891-1938), ma grand mère, qui donne naissance à l’ entreprise de saurisserie . Quelques années plus tard, elle transmettra prématurément le flambeau à son jeune fils , René, qui vient de fêter ses 18 ans.
C’est à cette époque que le nom de « Bourgain & Fils » apparait.
Joséphine Bourgain, décédée à l’âge de 47 ans, s’est consacrée avec passion et courage à son métier.
Métier qui lui vient de son père, donc mon arrière grand–père, Octave Lejeune.(1866-1941).
A la fin du XIX ème siècle, le jeune Octave, issu d’ une famille modeste d’ ouvriers agricoles, apprend de son père, François Lejeune, l’art de l’osier que nous connaissons sous l’appellation, « vannerie ».
Pour des raisons économiques, il quitte son village natal de Cavron /ST Martin dans la région de Montreuil /mer, pour s’établir dans le boulonnais. Il participera ainsi à sa façon, à ce qu’on nommera plus tard, l’exode rural.
Il vit de son art sur le port de Boulogne où il confectionne des paniers en osier qui sont plus largement utilisés dans le milieu maritime que dans le monde agricole de cette époque.
L’ambiance de la pêche lui plait et il s’intéresse rapidement aux techniques de la salaison et fumaison du hareng, débarquées en grande quantité sur le quai Gambetta.
De sa vie antérieure campagnarde, il connaissait quelques rudiments de salaison et fumaison de la viande, et aussi du poisson. C’ était à l’époque, le seul moyen de conserver les aliments. Les moyens modernes de conservation n’existaient pas.
La perspective d’augmenter ses revenus, en est la principale raison..
Ils sont neuf à la maison… De ses 7 enfants, 5 ont exercé ou ont essaimé la passion de ce métier de saleur-saurisseur.
Octave Lejeune junior, l’ainé des fils qui, en collaboration tout d’abord avec son épouse Suzanne Macquet, puis leurs enfants, Jean Pierre et Rolande, a travaillé de nombreuses années pour la qualité et la renommée de la salaison Suzanne Macquet. Octave Junior, dans une seconde période de sa vie, s’associa pour créer la société Lejeune Brunel. Georges Lejeune, le second fils d’Octave père, entreprit également ce métier. Le petit Georges était revenu dans le métier après avoir appris la panification où il avait rencontré son épouse. Ils aidèrent leur neveu René dans les périodes difficiles, notamment lors du décès de Joséphine, mais aussi pendant la seconde guerre mondiale et la reconstruction.
Mon père en parlait toujours avec une grande admiration. L’oncle Georges était devenu mon « mononcle » .
Ainsi, les deux autres cadets de ma grand-mère Joséphine , Marcel Lejeune et Hélene Lassalle Lejeune, sont à l’ origine, par leurs enfants respectifs, des maisons de salaison maritime, Marcel Lejeune, Lejeune Ohier, et Maurice Lassalle. La qualité de leurs bouffis, kippers, filets de harengs saurs, a entretenu la notoriété du savoir faire boulonnais pendant de nombreuses décennies.
Je voulais rendre un hommage solennel à cet aïeul , Octave Lejeune, qui a produit, ou du moins est à l’ origine , de 7 maisons de salaison maritime Boulonnaises dans les années 50.
Ces oncles, cousins, et neveux, en exerçant avec passion et courage ce même métier, nous ont montré la voie. Issus du même sang, sans être franchement concurrents, ils étaient avant tout « confrères ». C’ est ainsi que cet attribut prend tout son sens dans cette fratrie.
De ce fait, en toute humilité, sans prétendre à une quelconque légitimité, nous sommes devenus les détenteurs de ce savoir ancestral ,issu du patrimoine culinaire boulonnais.